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La haie, cette immuable mal-aimée
Le projet de loi de finances 2025 réduit de 110 à 30 millions d’euros le budget alloué au Pacte pour la haie, au grand dam de l’Afac-Agrofesteries, qui dénonce un projet « désastreux », privant le monde agricole « d’un outil d’adaptation et de résilience face aux aléas climatiques ».
C’était peut-être trop beau. La haie, sacrifiée depuis des lustres par les remembrements et les arasements au nom des gains de productivité, allait de nouveau barrer l’horizon des mornes plaines, redessiner les paysages, héberger des auxiliaires, réguler le cycle de l’eau, synergiser le rendement des cultures contiguës, ombrager les troupeaux, tempérer le micro-climat alentour, fournir du bois-énergie, capter du carbone… Le tout grâce au Pacte pour la haie.
Lancé en mars dernier, le Pacte ambitionne d’enregistrer un gain net de 50.000 km de linéaire d’ici à 2030 afin de faire mentir un rapport du CGAAER qui, en 2023, avait pointé un déclin de 1,5% par an, sous l’effet d’arrachages plus ou moins conformes à la législation en place.
Patatras. Le coup de tronçonneuse est venu du Palais Bourbon où les députés examinent actuellement en Commission des finances le Projet de loi de finances 2025. La Planification écologique à la mode agricole en a fait les frais avec des coups de rabot portés à la Stratégie Ecophyto 2030 et donc au Pacte, le budget de ce dernier étant réduit à 30 millions d’euros en 2025, contre 110 millions d’euros cette année. « Alors que le budget proposé par le gouvernement affiche une ambition de stockage carbone accrue et prévoit une augmentation de l’enveloppe pour la gestion des aléas en agriculture, la baisse des crédits en faveur des haies reviendrait à priver les agriculteurs du rôle très important d’adaptation aux aléas climatiques que jouent les haies, ainsi que d’un puits de stockage carbone pour notre politique climatique », a réagi dans un communiqué l’Afac-Agroforesteries.
Association reconnue d'utilité publique (ARUP) depuis octobre 2023, l’association, qui s’appuie sur un réseau composé de six associations régionales et plus de 400 organismes adhérents pour assurer le développement de l’arbre et de la haie, avait lancé en 2023 « l’appel de la haie » et avait joué un rôle majeur dans l’émergence du Pacte avant d’en devenir l’une des chevilles ouvrières sur le terrain.
Pour rappel, le Pacte pour la haie est porté à ce jour par trois appels à projets, à savoir « aide à la plantation et à la gestion durable des haies » (à l’œuvre en Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est et Martinique), « investissements productifs dans la filière graines et plants » (avec notamment la marque Végétal Local) et « structuration des filières de valorisation durable de la haie ». « Même si les dépenses engagées via le Pacte en 2024 sont acquises et sécurisées pour toutes les structures engagées, cette coupe drastique pour 2025 signe un véritable recul coup d’arrêt pour le déploiement du Pacte dans les territoires », dénonce l’Afac-Agroforesteries.
Le budget sera discuté à l’Assemblée nationale à partir du 23 octobre, puis fin novembre par le Sénat. « Il est encore possible d’amender cette loi de finances et de sauver l’ambition du Pacte pour les haies », veut croire l’association qui réclame le maintien de l’engagement financier de l’État. « Depuis 18 mois, tous les acteurs de l’arbre et la haie ont déployé des efforts considérables pour engager ce changement d’échelle. Le signal serait désastreux pour les milliers d’agriculteurs qui se sont engagés pour l’implantation, la gestion durable et la valorisation de haies sur leurs fermes. »