Le Planet-Score s’affiche « on line » et bientôt « on pack »

L’Itab pousse ses pions pour faire en sorte que l’affichage environnemental des produits alimentaires, repoussé à 2023, s’inspire largement de sa méthodologie, reposant sur une note agrégée et quatre sous-indicateurs, dont les pesticides et le bien-être animal.

Orienter les choix de consommation et par ricochet les choix de production au bénéfice d’un meilleur respect de l’environnement : tels sont les objectifs assignés à l’affichage environnemental sur l’emballage des produits alimentaires, inscrit dans la loi Agec de février 2020 et réaffirmé dans la loi Climat et résilience d’août 2021. Son déploiement aurait dû s’opérer en 2022 mais le projet a été repoussé à 2023. Les limites de l’Analyse de cycle de vie (ACV), sur laquelle repose la base de données Agribalyse, ont jeté le trouble sur la pertinence de cette méthodologie, mésestimant certains enjeux environnementaux comme la biodiversité et l’impact des pesticides sur les écosystèmes, sans toutefois la remettre en question.

Les pouvoirs publics se sont donnés une année supplémentaire pour définir les bases méthodologiques du futur affichage, suivant les recommandations du Conseil scientifique qui avait supervisé l’expérimentation menée en 2020-2021. 

Mode d’élevage et pesticides

Deux méthodes sortent du lot, à savoir l’Eco-Score porté par plusieurs acteurs du numérique (dont Yuka) et le Planet-Score, porté par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) et auquel se sont ralliés Interbev et La Note Globale. Le premier s’en tient à l’ACV et classe les produits en cinq catégories (A, B, C, D, E), de l'impact le plus faible, à l'impact le plus élevé, au risque d’ignorer les externalités positives des systèmes de production les plus vertueux (infrastructures agroécologiques, biodiversité, stockage de carbone...) et les impacts négatifs des systèmes les plus critiques (pesticides, antibiotiques, effondrement de la biodiversité, qualités des sol).

Ces différents éléments sont au contraire intégrés dans le Planet-Score, qui lui aussi affiche un score global en cinq catégories (A, B, C, D, E), mais complété par trois sous-indicateurs, notés également de A à E, relatifs aux pesticides, à la biodiversité et au climat. Un indicateur de bien-être animal est aussi intégré pour les produits animaux. En résumé, avec le Planet-Score, tous les œufs ne sont pas égaux.

Le Planet-Score : une note globale, trois sous-indicateurs et une mention relative au bien-être animal le cas échéant (Source : Itab)
Le Planet-Score : une note globale, trois sous-indicateurs et une mention relative au bien-être animal le cas échéant (Source : Itab)

Une étude conduite par Carrefour sur la perception de l’Eco-Score vient de donner du grain à moudre... au Planet-Score. Si les consommateurs apprécient le score synthétique, facile appréhender, ils sont une majorité à regretter que l’Eco-Score ne fasse pas ressortir certains critères, à commencer par le bien-être animal et les pesticides.

Le Planet-Score bientôt en magasin

Pour peser sur la décision finale des pouvoirs publics, les défenseurs du Planet-Score multiplient les initiatives pour tenter de l’inscrire dans le paysage alimentaire et dans l’esprit des consommateurs. Plusieurs enseignes (Naturalia, Monoprix...) ont commencé par afficher le Planet-Score sous forme numérique via leur catalogue en ligne alimentant les livraisons en drive. D’ici à quelques semaines, plusieurs entreprises agroalimentaires, membres du Synabio, vont afficher le Planet-Score sur l’emballage de certains de leurs produits.

Reste à savoir où l’Etat placera au final le curseur, étant entendu que l’affichage environnemental traduira, ou trahira, selon les points de vue, sa vision des transitions agroécologique et alimentaire.