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Samedi 08/11/2025
Macron « positif » et « vigilant » sur l’accord entre l’UE et le Mercosur
La ministre de l’Agriculture estime de son côté que « le compte n’y est pas ». Les syndicats sont furibonds. Le calendrier s’accélère avec le vote du Conseil européen le 19 décembre prochain
« Tel qu’il avait été signé, pour nous il [l’accord entre l’UE-Mercosur] n’était pas acceptable car il n’apportait pas de garanties pour plusieurs secteurs agricoles et qu’il fallait pour cela, si ce n’est des clauses miroir, qui permettent de refléter exactement nos règles et nos contraintes, au moins des clauses de sauvegarde qui, quand certains marchés sont déstabilisés, permettent des mesures d’urgence. Nous avons été entendus par la Commission qui non seulement nous a donné une réponse positive sur ces mesures, ces clauses de sauvegarde mais a souhaité aussi apporter des soutiens en particulier au secteur de l’élevage, apporter aussi un renforcement des protections de notre marché intérieur avec renforcement de notre union douanière, et une série de mesures techniques qui permet d’avoir un paquet, qui a nos yeux est tout fait acceptable. Maintenant les semaines qui viennent, c’est le travail que la Commission européenne va mener avec le Mercosur pour que ces clauses soient acceptables et acceptées. Les échanges que j’ai pu avoir, et avec le président Lula et avec le président Milei par téléphone et avec la présidente von der Leyen, je suis plutôt positif mais je reste vigilant parce que je défends aussi les intérêts de la France ». C’est ce qu’a déclaré Emmanuel Macron le 7 novembre en marge d’un déplacement au Mexique, avant de se rendre à Belem au Brésil où se tiendra la COP30 du 10 au 13 novembre.
Les syndicats furibonds
Autant dire que les propos du président de la République n’ont en rien rassuré les syndicats. Pour la Coordination rurale, le président de la République « fidèle à lui-même depuis 2017, a une fois de plus tergiversé sur la question de l’accord UE-Mercosur, trahissant encore une fois notre modèle agricole ». Pour la Confédération paysanne, « Emmanuel Macron a tout faux. Il est temps d’arrêter de se moquer des paysan·nes ».
« Plutôt positif » ? Non, c’est une trahison pour ceux qui nourrissent la France », a réagi Quentin Le Guillous, secrétaire général des Jeunes agriculteurs, dénonçant une « concurrence déloyale » avec des produits sud-américains, « issus de normes environnementales et sociales bien moins strictes », citant pêle-mêle la déforestation, les OGM et les hormones, et évoquant des clauses de sauvegarde « illusoires avec aucun contrôle réel sur les conditions de production à l’étranger » et enfin des quotas « insupportables ».
La FNSEA dénonce de son côté un « reniement total ». « En choisissant ce moment et ce lieu pour tendre la main au Mercosur, le Président de la République signe sa rupture avec l’agriculture française », a déclaré son président Arnaud Rousseau.
La ministre de l’Agriculture en pompier
« Le compte n’y est pas » a indiqué de son côté la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, rappelant les « lignes rouges de la France depuis le départ », à savoir une clause de sauvegarde « effective, pleinement opérationnelle et activable », des contrôles renforcés sur place et dans les ports sur les denrées importées pour « garantir la sécurité des consommateurs » et enfin l’assurance, par des mesures miroirs, que « les produits importés respectent nos normes sanitaires et environnementales, pour nos filières animales et végétales ».
Océan de distorsions
Conclu le 5 décembre 2025, le traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), l’agriculture européenne et singulièrement française a beaucoup à perdre d’un accord de libre-échange entré dans sa dernière ligne droite, les agricultures des deux rives de l’océan atlantique opérant dans des cours bien distinctes, tant du point de vue des structures économiques que des normes sanitaires, environnementales et sociales. L’exemption de droits de douane porterait sur 99.000 t de viande bovine, 25.000 t de viande porcine, 3000t d’œufs, 1 Mt de céréales, 180.000 t de sucre et 450.000 t d’éthanol. La Commission euroépenne affirme que l'accord « soutiendra la croissance des exportations de produits agroalimentaires traditionnels de haute qualité de l'UE » et qu’il mettra fin à « la concurrence déloyale des produits du Mercosur qui imitent les produits authentiques de l'UE » en protégeant 344 indications géographiques de l'UE. Prochaines étapes : le vote du Conseil européen le 19 décembre prochain avec celui du Parlement européen.