Salon de l’agriculture : dans une ambiance ultra-sécurisée, Macron tente de rassurer les agriculteurs

Emmanuel Macron a inauguré samedi le 61e Salon international de l'agriculture à Paris, dans un climat plus apaisé que les huées et violences de l'an dernier mais face à des agriculteurs remontés qui attendent toujours "des réponses concrètes" sur la concurrence des produits étrangers.

Après avoir rencontré les principaux syndicats agricoles, le président a appelé à un "dialogue respectueux" avec les agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être "la variable d'ajustement" du pouvoir d'achat et d'accords commerciaux. Emmanuel Macron a assuré continuer de chercher une "minorité de blocage" au sein de l'Union européenne sur l'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur. Le traité commercial a été signé le 6 décembre 2024, mais doit encore être ratifié avant d'entrer en application. "C'est un mauvais texte tel qu'il a été signé et donc on fera tout pour qu'il ne suive pas son chemin, pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne", a martelé le président. Il a plaidé pour l'instauration de "clauses miroirs" pour éviter toute "concurrence déloyale" avec des produits importés qui ne respectent pas les mêmes normes que celles de l'UE. "Demain, rien ne nous dit que l'alimentation ne deviendra pas une arme et, donc, notre responsabilité c'est de produire sur notre sol ce qui nous permet de nous nourrir et de nourrir nos enfants", a-t-il ajouté.

Au premier jour du Salon de l'agriculture, les visiteurs se pressent auprès du président dans les allées du hall 1. (Crédit photo : Adèle Magnard)

Lors de sa déambulation parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux, il a ensuite abordé sa visite prévue lundi à Washington : "entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre" avec des droits de douanes. Il a dit vouloir aborder le sujet avec le président américain Donald Trump, qui menace régulièrement les pays européens de réaugmenter les taxes douanières, comme il l'avait fait au cours de son premier mandat.

De nombreuses incertitudes

"On a redit au président que les choses n'avancent pas assez vite et (...) que la situation géopolitique nous mettait dans une grande incertitude", a déclaré à l'AFP Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Selon lui, la productivité agricole française "est en train de péricliter" et les Français ont de plus en plus dans leur assiette des produits "importés bien souvent produits dans des conditions moins disantes" qu'en France.

"On veut que, demain, les producteurs puissent produire, pas pour exporter mais pour remplir nos assiettes", a déclaré à l'AFP Véronique le Floc'h, présidente de la Coordination rurale. Le syndicat a effectué une large percée aux élections des Chambres d’agriculture, avec un discours dégagiste, à la fois libéral et souverainiste. "C'est tellement facile d'exporter pas cher, d'importer cher et résultat (...) de ne pas payer les producteurs en France", a-t-elle ajouté à l'issue d'un rendez-vous de quelques minutes avec Emmanuel Macron.

Dans les allées du salon, les "bonnets jaunes" de la Coordination rurale se sont heurtés à un important dispositif de sécurité. (Crédit photo : Adèle Magnard)

Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne, a rappelé l'importance de garantir des prix minimum payés aux agriculteurs, face "aux problèmes climatiques et aux problèmes sanitaires" qui ont "aggravé la situation" des fermes françaises. Il faut "un accompagnement à la transition agroécologique".

Une édition plus apaisée

En 2024, le Salon s'était ouvert après dix jours de colère agricole. Des milliers de visiteurs avaient été bloqués à l'extérieur du parc des expositions pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, au milieu d'insultes, huées, bousculades et violences.

L'ambiance cette année est plus apaisée. La sécurité a été renforcée, un commissariat mobile est prévu ainsi que des chartes pour encadrer les visites politiques.

La sécurité a été renforcée cette année. Un important dispositif de forces de l'ordre est présent sur tout le salon. (Crédit photo : Adèle Magnard)

L'entourage du président lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024. Emmanuel Macron a découpé le traditionnel ruban avant d'entamer son parcours, avec un public tenu à l'écart par des barrières.

Un important cordon de sécurité a été mis en place dans le Hall 1 afin d'éviter les débordements. (Crédit photo : Adèle Magnard)

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon. Samedi, beaucoup sont venus en famille pour voir les éleveurs bichonner les quelque 2.500 bêtes qui participeront aux différents concours organisés durant l'événement. Mais, sécurité du président oblige, la déception règne parmi ceux qui n'ont pas pu aller voir Oupette, vache limousine et égérie du Salon.