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Mardi 18/11/2025

Sur les 9 premiers mois de l’année 2025, le déficit agroalimentaire pointe à -353 millions d’euros

L’année 2025 pourrait faire date avec le premier déficit depuis 50 ans de la balance commerciale agroalimentaire de la France, rompue aux excédents commerciaux depuis des décennies mais toujours moins productive et moins compétitive.

Un excédent de +6,3 milliards d’euros en 2020, +8,2 milliards d’euros en 2021, +10,3 milliards d’euros en 2022, +6,5 milliards d’euros en 2023, +4,9 milliards d’euros en 2024 et à trois mois de la clôture de l’exercice, un déficit cumulé de 353 millions d’euros qui préfigure le premier déficit commercial de la France agroalimentaire en 50 ans. Tel est le scénario que suggère la dernière livrée du service statistique du ministère de l’Agriculture, relative aux données du mois de septembre 2025.

Après les mois de janvier (-169M€), mai (-442M€), juin (-116M€) et août (-173M€), septembre est le 5ème mois de l’année à enregistrer un déficit (-123M€). Au cours des décennies passées, jamais le solde n’était passé en territoire négatif un seul mois de l’année et le dernier déficit en date remonte à 1978, selon Chambres d’agriculture France.

Evolution mensuelle du solde global des échanges agroalimentaires (Source : Agreste)
Evolution mensuelle du solde global des échanges agroalimentaires (Source : Agreste)

Les tendances des 12 derniers mois

La messe n’est pas encore dite car sur les 12 derniers mois (octobre 2024-septembre 2025), le solde affiche un excédent de 789 millions d’euros à la faveur d’un dernier trimestre 2024 excédentaire mais dont rien ne dit qu’il se reproduira cette année. Au cours des 12 derniers mois, les produits bruts ont enregistré un déficit de 835M€, se creusant de 174%, sous l’effet de la hausse des importations (+9,9%) et de la baisse des exportations (-1,1%) tandis que les produits transformés ont vu leur excédent fondre de 66% à +1,6md€, la hausse des importations (+9,1%) étant supérieure à celle des exportation (+3,4%). Sur un totale de 19 lignes de produits, bruts et transformés, 13 voient leur solde se dégrader, avec en tête (et en pourcentage) les oléoprotéagineux (-351%), les autres produits alimentaires (-224%), les légumes (-63%), les produits exotiques tels que café, cacao et thé (-72%), les produits laitiers (-26%) etc. Parmi les hausses figurent les animaux vifs et les œufs (+35%), les huiles et tourteaux (+14%), la pêche et l’aquaculture (+14%).

L’alerte des sénateurs

Si la tendance se confirme dans les trois prochains mois, le choc risque d’être rude car la France pourrait passer en l’espace d’un seul exercice, d’un excédent oscillant bon an mal an entre 5 et 10 milliards d’euros sous le double effet de la variation des prix et des volumes à potentiellement un premier déficit.

Ces dernières années, les alertes n’avaient pas manqué. En septembre 2022, la Commission des affaires économique du Sénat publiait un rapport d’information sur la compétitivité de la Ferme France, pointant d'une part un « potentiel productif agricole s’érodant d’année en année », sous l’effet de la baisse du nombre d’exploitations, de la chute de la surface agricole utile en cultures et du plafonnement des rendements, et d'autre part une productivité de l’agroalimentaire « en berne », faute d’investissements suffisants compte tenu de la guerre des prix. Et de réclamer un « choc ce compétitivité ». A court terme, le choc tout court semble plus certain.