Vers un plan de souveraineté « engrais »

C’est l’annonce faite à l’occasion du 4ème Conseil de planification écologique, qui fait par ailleurs état d’un soutien à la production de légumineuses et d’acides aminés pour renforcer l’autonomie protéique des élevages. Sans, dans les trois cas, en préciser ni les modalités ni le calendrier.

« Les exportations de protéines sous forme de céréales sont plus que compensées par les importations d’azote minéral. Les exportations de protéines animales (produits laitiers, viande), sont inférieures aux importations d’azote sous forme de protéines végétales nécessaires à leur production, notamment tourteaux et graines de soja, importés du Brésil et d’Argentine ». Publié le 31 mars 2024, un rapport gouvernement enfonçait un coin dans la sacro-sainte souveraineté agricole et alimentaire.

Un an plus tard, le 31 mars 2025, à l’occasion du 4ème Conseil de planification écologique, présidé par Emmanuel Macron, le gouvernement a annoncé que la France allait se doter d’un « plan de souveraineté engrais pour notre agriculture et notre alimentation permettant de renforcer notre souveraineté agricole et alimentaire, alors que plus des deux tiers des engrais utilisés en France sont importés et que 80% sont produits à partir de gaz fossile ».

La Russie fournit la France en engrais « un jour sur sept »

En février dernier, l’Unifa s’alarmait du fait que la Russie fournissait « un jour sur sept les besoins en nutriments du secteur agricole français », les importations d’engrais russes ayant bondi de 80% entre 2021 et 2023. Et de réclamer le soutien à la compétitivité des industriels et la promotion des produits européens et français, à l’efficience et à la technicité prouvées.

Légumineuses et acides aminés

Dans le secteur de l’alimentation animale, notre souveraineté est mise à mal par notre dépendance au soja, d’où l’annonce d’un « soutien au développement des légumineuses ». Celles-ci sont à la croisée des enjeux de souveraineté alimentaire (2,9 Mt de tourteaux et 0,7 Mt de graines de soja importés en moyenne chaque année), de décarbonation (territoriale et importée), de déforestation, de sobriété en eau, en produits phytosanitaires et bien entendu en engrais minéraux azotés (fixation de l’azote de l’air par les légumineuses).

On pourrait y adjoindre la transition alimentaire en considérant les légumineuses à gaine comestibles (lentille, fève, haricot, pois, pois chiche, soja, féverole). Lancé en 2021, le programme Cap protéines s’est lancé à la reconquête de notre autonomie, non sans réelles avancées, que doit parachever le plan Cap Protéines+ d’ici à 2027.

Dans le cadre du Conseil de planification écologique a également été annoncé le soutien à la production d’acides aminés destinés à l’alimentation des animaux. Mais qu’il s’agisse des engrais, des légumineuses, comme des acides aminés, ni les modalités ni le calendrier de ses mesures de soutien n’ont été précisées le 31 mars.