A Paris, une action de la Confédération paysanne contre le libre-échange

« Traders tremblez, les paysans reprennent leur blé » : des agriculteurs de la Confédération paysanne ont manifesté jeudi devant le Grand Palais à Paris où se tient une réunion européenne de grands acteurs du commerce des céréales.

« Sauvez les paysan.n.es, mangez un trader », proclamait une grande banderole jaune aux couleurs du syndicat, déployée sur le parvis du monument par les manifestants venus dénoncer la dérégulation des marchés. Cette manifestation intervient alors que s'ouvre en Uruguay le sommet du Mercosur, qui pourrait à cette occasion signer avec l'UE un accord de libre-échange, au grand dam de tous les syndicats agricoles et de l’ensembles des forces politiques françaises.

Les manifestants - une centaine - ont déposé des bottes de foin devant l'entrée, certains sortant du bâtiment après y avoir ravi des pancartes de Syngenta ou encore d’InVivo.  « Traders tremblez, les paysans reprennent leur blé », « Des prix rémunérateurs plutôt que des traders », chantaient-ils, photographiés par des participants à la réunion en costume attendant de pouvoir rentrer dans le Palais, aux issues temporairement bloquées par la sécurité.

« Laissez tomber, vous n'avez plus de ministre »

Le monument accueille à partir de jeudi après-midi la 64ème Bourse de commerce européenne des grains, qui rassemble depuis les années 1960 les opérateurs de marchés agro-alimentaires. Laurence Marandola, porte-parole de la Conféréation paysanne, a dénoncé « la spéculation sur les produits agricoles ». « A l'intérieur, il y a des gars en costard-cravate qui se gavent sur le dos des paysans », a-t-elle dit à la presse.

Des forces de l'ordre casquées, arrivées au bout d'une vingtaine de minutes, se sont déployées des deux côtés du parvis. « Laissez tomber, vous n'avez plus de ministre ! » les ont interpellé des manifestants.

L’action de la Confédération paysanne intervient au lendemain de l’adoption d’une motion de censure qui a renversé le gouvernement de Michel Barnier, dont le président de la République a accepté la démission aujourd’hui.

La police a ensuite bloqué les manifestants pendant plus d'une heure, donnant lieu à des bousculades, selon une journaliste de l'AFP. In fine, les forces de l'ordre, soutenues par la brigade de répression de l'action violente motorisée (Brav-M), ont procédé à cinq interpellations, selon la Confédération paysanne. Ces cinq personnes ont été interpellées pour « violence » et « tentative d'intrusion », selon la police.

Devant le Grand Palais, la Confédération paysanne a fait intervenir le député écologiste Nicolas Bonnet, afin de les aider à résoudre le blocage. Peu après 15 heures, le groupe de manifestants a pu regagner le métro, escorté par les forces de l'ordre.

Au diapason des autres manifestants présents, Marie Ortegat, maraîchère dans l'Oise, a dénoncé un « deux poids deux mesures » de la part des autorités. Jusqu'à jeudi, la police n'avait procédé à aucune interpellation dans le cadre du mouvement de colère agricole, ranimé depuis mi-novembre. Ces dernières semaines ont vu notamment des manifestants de la Coordination rurale mener des intrusions dans les locaux de l'Office français de la biodiversité (OFB) à Guéret. Ils ont répandu des déchets à l'intérieur et saccagé des piles de dossiers, déposé du lisier devant la mairie de Pessac et bloqué le port de commerce de Bordeaux. Le 28 novembre, des militants de la FNSEA ont pour leur part élevé un mur de parpaings devant le siège de l’INRAE, sous le regard des policiers.