A Toulouse, la colère des agriculteurs occitans ne faiblit pas

Des centaines de tracteurs et camions agricoles convergent mardi vers le coeur de Toulouse, gênant la circulation et déversant paille et crottin devant certaines institutions pour alerter sur la crise que connaissent les agriculteurs.

Quelque 450 véhicules sur trois convois, estiment les organisateurs de la manifestation, doivent se rejoindre près de la place du Capitole.  "Il y a beaucoup d'agriculteurs en galère (...), de moins en moins de jeunes veulent s'installer", regrette, devant la Cité administrative de Toulouse, Clément Blanchard, 22 ans. Agriculteur en cours d'installation à Lasserrade, dans le Gers, le jeune homme fustige les maigres profits et les lourdeurs administratives imposées selon lui aux agriculteurs
Derrière lui, des tracteurs déversent tour à tour leur chargement de paille et fumier devant la Cité administrative. A intervalles réguliers, des coups de canons effaroucheurs font sursauter les passants. La manifestation, qui fait suite à une première opération similaire en novembre, vise à "préparer l'avenir", explique quant à lui Tanguy Pelizza, 20 ans. Portant moustache et béret, venu lui aussi du Gers, il assure que l'accumulation des "problèmes" risque bientôt de constituer la "goutte d'eau qui fera déborder le vase".

"Il y a une déconnexion entre le monde rural et le monde urbain"

Et leurs aînés de renchérir: "Il y a une déconnexion entre le monde rural et le monde urbain", juge Marie-Laurence Grzeskowiak, céréalière de 56 ans et présidente de la section agricultrices de la FDSEA 31. "Laissez-nous faire, on gère!", lance cette petite femme aux fonctionnaires qui, depuis les "bureaux à Paris", "empilent les normes dont certaines sont antinomiques".

"On marche sur la tête": le slogan martelé par le monde agricole d'Occitanie, depuis l'automne, revient dans chaque conversation. Les manifestants réclament, entre autres, une clause "miroir" pour que l'Etat impose aux produits agricoles importés à bas prix les mêmes exigences qu'aux agriculteurs de l'Hexagone.

"Tout le monde pense à arrêter, maintenant"

"Tout le monde pense à arrêter, maintenant", soupire Yvan Cottureau, 61 ans, qui cultive céréales et légumes au Burgaud (Haute-Garonne) mais raccrochera l'an prochain. "Il ne reste rien" après s'être acquitté des charges en forte hausse, dit-il. Et face au projet de loi annoncé par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau pour susciter des vocations et faciliter la reprise d'exploitations agricoles, la prudence reste de mise.
"Ça ne sera pas suffisant vis-à-vis des enjeux en Occitanie, surtout que le budget de la région pour les lycées agricoles est annoncé en nette baisse", commente Romain Deloustal, 35 ans, président des Jeunes agriculteurs Occitanie et viticulteur de l'Hérault.