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Annie Genevard : « Nous mènerons rapidement la loi d’orientation agricole à son terme »
Sans dévoiler ses priorités, la nouvelle ministre de l’Agriculture promet des résultats « dans les cours de ferme dans les semaines qui viennent », en référence aux crises sanitaires et aux récoltes en berne. Affirmant vouloir agir « vite » et « juste », Annie Genevard sera présente la semaine prochaine au Sommet de l’élevage à Cournon (Puy-de-Dôme).
« Je ne vais pas détailler maintenant mes priorités » a déclaré Annie Genevard sur le perron de l’hôtel de Villeroy qui héberge le ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Nommée par le président de la République le 21 septembre, à la suite de Marc Fesneau et de la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher, la députée du Doubs (Les Républicains) a dit mesurer « l’impatience » du monde agricole, confronté à « une crise sanitaire grave dans l’élevage, trop d’eau dans certaines régions et pas assez dans d’autres, la baisse de rendement dans presque tous les secteurs de production. Tout cela fragilise gravement les exploitations et leur trésorerie ».
Au-delà de la prise en charge des vaccins contre la FCO-3 et contre le MHE, les éleveurs attendent des indemnisations à la hauteur des pertes directes et indirecte que leur font subir ces deux maladies vectorielles, favorisées par le changement climatique. En proie à la pire récolte depuis 40 ans, les céréaliers attendent a minima des prêts à taux réduits garantis par l’Etat pour soulager leur trésorerie et assurer les emblavements d’automne. « Je vais écouter, voir, faire le point avant de parler et surtout agir. Notre mission dans ce gouvernement, c’est d'agir vite quand l’urgence commande et d’agir juste » a déclaré la ministre, qui dit vouloir d’abord rencontrer les organisations professionnelles et syndicales et aller sur le terrain « au contact de la réalité (…) Il faut aller voir, aller percevoir le terrain pour véritablement comprendre ce qui s’y joue » a dit l’ancienne maire de Morteau (Doubs). Un de ses premiers déplacements est programmé au Sommet de l’élevage qui se tient à Cournon (Puy-de-Dôme) du 1er au 4 octobre.
Simplification et loi d’orientation
La nouvelle ministre a dit vouloir faire de la simplification normative un chantier « prioritaire », en redonnant « du sens, du bon sens (…) Toutes les règles, les dates agronomiques choisies sans réalisme, alléger la paperasse, réduire les interdits, je vais m’y atteler, dans la continuité et avec méthode » a dit la ministre. « N’interdisons pas avant de proposer des solutions, sinon c’est l’impasse » a-t-elle dit dans une allusion au retrait des néonicotinoïdes sur betterave.
A propos de la loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture, qu’elle a elle-même votée en mai dernier, la nouvelle ministre a affirmé vouloir la remettre à l’agenda politique, après que la dissolution de l’Assemblée nationale ait coupé son examen par le Sénat. « Je veux dire clairement que nous la mènerons rapidement jusqu’à son terme », a affirmé la ministre pour qui « le rôle de l’Etat est de soutenir ceux qui nourrissent la population, pas de les décourager (…) Notre rôle est aussi d’encourager notre jeunesse à aller vers ces professions qui offrent du sens et des perspectives ».
Au plan européen, « où beaucoup se jouera », Annie Genevard entend mener « une action résolue pour mieux protéger notre agriculture française et faire valoir une vision équilibrée qui n’ignore ni l’approche environnementale ni les nécessités économiques (…) Il nous faut reconquérir la souveraineté alimentaire pied à pied ». La ministre s’est engagée à « faire avancer le dossier des clauses miroir » et à en finir avec la surinterprétation des normes européennes, alors que l’agriculture française est « l’une des plus vertueuses au monde ». « Nous nous glorifions d’être plus vertueux que les autres mais en réalité nous nous tirons une balle dans le pied » a-t-elle dit à propos des surtranspositions.
Affirmant comprendre la colère des agriculteurs, Annie Genevard a dit avoir « une immense admiration pour cette profession difficile qui subit trop souvent des procès très injustes », condamnant au passage les « activistes qui détruisent les moyens de production et outils de travail indispensables pour nous nourrir », ainsi que « les conflits inutiles sur les sonorités et les senteurs de la campagne ». Elle a promis également une attention particulière aux femmes agricultrices ainsi qu’à l’agriculture des territoires ultramarins, sans oublier la forêt, qui figure désormais dans l'intitulé du ministère, aux côtés « l'agriculture » et de la « souveraineté alimentaire ».