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Mardi 09/12/2025
Egalim : des petites avancées, un grand vide à combler
« L’Avent des avancées en agriculture » (9/24). Votées entre 2018 et 2023, les trois lois Egalim ont modifié à la marge le rapport de force entre agriculteurs, industriels et distributeurs. Leur mise en œuvre se poursuit en 2025, en attendant les versions 4, 5 ou 6…
Peut-on mettre Egalim dans le panier des bonnes nouvelles, tant ses effets paraissent minimes, notamment au regard des promesses de « ruissellement » de la valeur dans les cours de fermes ? L’ambition, pourtant, va dans le bon sens : intégrer les coûts de production dans les contrats entre agriculteurs et industriels, promouvoir une alimentation locale et sous signes officiels de qualité dans la restauration collective, réduire le gaspillage alimentaire…
La mise en œuvre, elle, est limitée. Déjà parce que de très nombreuses filières restent exclues du champ d’application des lois Egalim. Ensuite car la généralisation des contrats écrits entre agriculteurs et acheteurs est loin d’être appliquée, hormis pour la filière laitière, du fait d’un ancrage historique. Enfin, la « sanctuarisation » de la matière première agricole dans les prix fait l’objet de nombreux contournements, les industriels se rattrapant en négociant sur les autres postes de coûts comme l'énergie ou les emballages.
Quelques signaux positifs
Pourtant, des frémissements se font sentir. C’est notamment le cas pour la filière bio, qui entrevoit des signaux positifs après la crise des trois dernières années. Rappelons ici les propos de Marc Fesneau, alors ministre de l’Agriculture, au printemps 2024 : « Il n’y aurait pas de crise du bio si jamais Egalim était respectée »… Autrement dit, si les objectifs concernant la restauration collective (50% de produits de qualité dont 20% de bio) étaient atteints.
Par ricochet, certaines productions pourraient bénéficier des mesures mises en place par Egalim, à l’instar des légumineuses, via notamment les obligations de menus végétariens. Si les surfaces cultivées et la production de légumineuses à graines peinent à décoller en France, le marché continue de progresser, porté notamment par les produits transformés et les alternatives végétales.
Enfin, les lois Egalim entérinent également l’expérimentation d’un affichage destiné à apporter au consommateur une information relative aux conditions de rémunération des agriculteurs, le fameux rémunérascore. Celui-ci est entré en 2025 dans sa phase d’expérimentation, et pourrait devenir un levier d’influence sur les comportements d’achats, à l’image du Nutriscore.
Cette année, alors que les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs et ont débuté lundi 1er décembre pour trois mois, une période qui se caractérise par un fort niveau de tensions entre acteurs, ces derniers ont élaboré cette année une charte d’engagements visant à créer un climat propice à un bon déroulement des négociations commerciales. « C’est une première et une avancée collective », a salué Serge Papin, ministre du commerce.
>> A lire : Egalim 4 en suspens : pouvoir d’achat et rémunération des agriculteurs, l’équation impossible ?
Retrouvez chaque jour, du 1er au 25 décembre, notre sélection des nouvelles réjouissantes de l’année 2025. Sous la forme d’un calendrier de l’avent, Pleinchamp vous propose une sélection d’initiatives enviables, de portraits inspirants, d’avancées concrètes et de lueurs d’espoirs pour le monde agricole. Preuve que même si de nombreux combats restent à mener, certaines nouvelles vont dans le bon sens : celui d’un monde plus durable, plus juste, plus rémunérateur pour les agricultrices et les agriculteurs. |