FCO, MHE, IAHP : quand l’Etat se pique de sagacité, de réactivité et d’agilité

[Edito] Face à trois maladies virales favorisées par le changement climatique, les pouvoirs publics ont dégainé des stratégies vaccinales pour sauvegarder les éleveurs et leurs animaux, mais aussi nos concitoyens, l’Influenza aviaire n’était pas exempte d’un risque de zoonose.

Une semaine : c’est le laps de temps qui aura séparé l’irruption d’un nouveau virus sérotype 3 (FCO-BTV3) de fièvre catarrhale ovine (FCO) dans trois départements proches de la Belgique de la mise à disposition de vaccins gratuits et administrables par les éleveurs eux-mêmes, le tout sous un gouvernement démissionnaire réduit aux affaires courantes : telle est la prouesse réalisée par les pouvoirs publics pour tenter de circonscrire une nouvelle épidémie, partie des Pays-Bas en septembre 2023 et qui totalise depuis des milliers de foyers, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. En ce qui concerne la Maladie hémorragique épizootique (MHE), apparue en France à l’automne 2023, il aura fallu à peine un an pour disposer d’un vaccin, qui sera déployé à compter du mois de septembre. Rappelons que la MHE est une maladie totalement inédite, apparue en Europe fin 2022, plus précisément en Espagne et en Italie.

Des moucherons piqueurs qui s’acclimatent

FCO et MHE partagent cependant des points communs : elles sont toutes deux causées par un Orbivirus qui se transmet d'un animal infecté à un autre par la piqûre d'un moucheron du genre Culicoïdes. Selon l’Anses, l’hypothèse la plus probable concernant l’émergence de la MHE est celle d’une dissémination par les moucherons que le vent aurait déplacés de Tunisie et qui trouveraient désormais en Europe continentale des conditions d’acclimatation propices.

Des migrateurs qui s’arrêtent à mi-chemin

Sur un autre front épidémiologique qu’est l’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), qui se rappelle à notre bon souvenir avec la détection le 12 août d’un premier foyer en élevage depuis des lustres, les conséquences du changement climatique sont aussi invoquées par l’Anses. Dans un avis du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (COVARS) datant de juin 2023, l’agence sanitaire impute au dérèglement climatique la contraction des espaces au sein desquels les migrateurs peuvent se reposer, ainsi que la raréfaction des zones humides, avec pour conséquences une moindre migration vers le sud et une plus grande densité aux mêmes points de repos, augmentant le risque de contamination et in fine d’endémisation de la maladie. Selon l’OFB, les fortes chaleurs et la raréfaction de leur nourriture pourraient aussi affaiblir les systèmes immunitaires des oiseaux.

Des pouvoirs publics qui s’activent

Face à l’IHAP, porteuse d’une menace existentielle pour les filières, l’Etat a mobilisé de gros moyens financiers, logistiques et diplomatiques, en décrétant une courageuse et ambitieuse stratégie de vaccination des canards, avec l’aval de l’OMSA mais au prix de rétorsions commerciales à l’export. Bien lui en a pris : avec le renforcement de la biosécurité et la relative faible circulation du virus, l’épizootie n’a pas fait parler d’elle au cours des 12 derniers mois. Du moins en France. Des cas de contamination d’élevages laitiers mais également des cas d’infection humaine ont été documentés aux Etats-Unis. Quand l’Etat se pique de sagacité, de réactivité et d’agilité. On pourrait ajouter la bonté si l’on songe aux multiples et conséquents dispositifs de soutien déployés au service des filières et des éleveurs. Qui, des citoyens-consommateurs-contribuables, trouvera à redire ?