La France compte 250.700 plans d’eau mobilisables, totalisant 17 milliards de m3

Le tout nouvel Inventaire national des plans d’eau (INPE) a vocation à « soutenir la transparence de l’information et à alimenter l’intelligence collective », sur fond de tensions croissantes sur la ressource. Il se double d’un outil satellitaire de suivi en temps réel des volumes stockés.

La France compte 855.942 plans d’eau représentant, à leur remplissage maximum, une superficie en eau de l’ordre de 500.000 ha, soit 0,9 % du territoire national. Parmi ces 855.942 plans d’eau, 333.026 ont une superficie supérieure à 1.000 m2 (39% des effectifs) et 522.916 une superficie inférieure à 1000 m2 (61% des effectifs). Les 250.700 retenues (retenues de barrages, retenues collinaires, étangs…) de plus de 1000 m2, qui stockent l’essentiel du volume mobilisable pour la gestion quantitative, fournissent une capacité de stockage cumulée estimée à 17 milliards de m3, à +/- 0,8 milliard de m3. Les 12.300 retenues de plus de 3 ha, soit 5% de l’effectif, constituent 85% de la capacité de stockage cumulée, soit environ 14,1 milliards de m3.

Répartition entre bassins hydrographiques de la capacité de stockage des retenues de plus de 1000 m2 (Source : IGEDD)
Répartition entre bassins hydrographiques de la capacité de stockage des retenues de plus de 1000 m2 (Source : IGEDD)

Tels sont quelques-uns des chiffres extraits d’un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD). Ils figurent dans le tout nouvel Inventaire national des plans d’eau (INPE) dont la réalisation était inscrite dans la feuille de route des Assises de l’eau (2019) et dans les conclusions du Varenne agricole de l’eau et du changement climatique (2022). « Dans un contexte général de tensions autour des milieux aquatiques et de la ressource en eau, de la gestion quantitative de l’eau, de la protection de l’environnement et de l’adaptation au changement climatique, l’INPE vise à soutenir la transparence de l’information et à alimenter l’intelligence collective », indique l’IGEDD dans son rapport.

L’année 2024, bien partie pour battre des records de précipitations, aura un tant soit peu, mais pas complètement, offert un peu de répit sur le front de la guerre de l’eau, tout en apportant de l’eau au moulin du stockage, par un effet de vases communicants. A titre indicatif, et pour mieux jauger la valeur de ces17 milliards de m3 stockables et mobilisables, sur la période 2010-2019, 32,8 milliards de m3/an ont été prélevés (rivières, lacs, et nappes souterraines), dont 9% servant les usages agricoles, tandis que la consommation (solde entre prélèvement et restitution au milieu) s’élevait à 4,1 milliards de m3/an.

Du bon usage du l’INPE

Au-delà de son rôle de référentiel national des plans d’eau, aux côtés du référentiel « cours d’eau » et du référentiel « zones humides », l’INPE a été conçu comme un outil de co-construction et de partage de connaissances. Selon l’IGEDD, il doit permettre aux porteurs d’inventaires locaux à la fois d’enrichir leur propre inventaire et de reverser dans l’inventaire national les connaissances locales qu’ils souhaitent partager et capitaliser. Il doit aussi permettre aux territoires qui ne disposent pas d’inventaires locaux des plans d’eau de constituer rapidement une base de travail adaptée à leurs besoins. Accessible aux citoyens désireux d’accéder à une information publique sur les plans d’eau, l’INPE pourra être mobilisé par les acteurs en charge de missions de service public liées à l’eau (services de l’Etat, établissements publics) comme par les acteurs des SAGE, des PTGE, des OUGC, les collectivités territoriales en charge de la GEMAPI, les acteurs économiques, les acteurs de la préservation de l’environnement, les associations de propriétaires de plans d’eau.

Tableau de bord satellitaire

La création de l’INPE se double d’un outil satellitaire de suivi en temps réel des volumes stockés. Il a vocation à enrichir sinon à remplacer le bulletin national mensuel de situation hydrologique, qui fait office de « jauge » mais avec des limites ne terme de couverture spatiale, fréquence d’actualisation et de nature des données. Développé en partenariat entre l’IGEDD et le CNES, avec l’appui de la DREAL Occitanie, le tableau de bord satellitaire a permis le suivi de 374 retenues en temps réel au cours de l’année 2023, et la reconstitution de leur historique 2017-2023. Il montera en puissance à 5000 retenues en 2024 puis 9000 retenues en 2025, dans le cadre du programme France 2030 Hydro.