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Le drapeau tricolore, le coq et la boite noire des produits transformés
[Edito] Avec le nouveau logo Origin’Info, le gouvernement entrouvre la boite noire des produits transformés, dont l’opacité n’a d’égal que les risques sanitaires induits par leur surconsommation, dopée par le marketing. En attendant la SNANC, censée pseudo, super, hyper, ou ultra-transformer l’environnement alimentaire.
Un nouveau logo va bientôt apparaître sur les emballages de certains produits alimentaires transformés. Baptisé Origin’Info, il vise à renseigner de manière objective et volontaire le consommateur sur l’origine de la matière première agricole des ingrédients primaires, sans empêcher la communication sur l’origine des ingrédients primaires ou de la denrée, dans le respect des règles européennes en vigueur. Lancée par le gouvernement le 25 mai, la charte a déjà rallié 80 marques (industriels et distributeurs) et devrait concerner, d’ici à la fin de l’année, 10.000 références. L’information sera accessible directement sur les emballages des produits, sur les étiquettes électroniques en rayon, sur les sites de drive des enseignes ou via un QR Code. Objectif : renforcer la transparence de l’information au consommateur.
Dans la boite noire des produits transformés
Après l’avoir décrété en 2022 pour les viandes crues, les pouvoirs publics avaient, au printemps dernier, élargi aux viandes transformées l’obligation, pour les établissements de restauration commerciale et collective, de porter à la connaissance des convives l'origine ou de la provenance des viandes entrant dans la composition des préparations et produits à base de viande. A travers ces initiatives, le gouvernement poursuit son entreprise de haute voltige consistant à ouvrir la boite noire des produits transformés (avec un tournevis Origine France Garantie cela va sans dire). Selon une étude publiée en mars dernier par l’association de consommateurs UFC-Que choisir, « l’opacité règne pour 69% des ingrédients ». Plus précisément, 47% des ingrédients n’ont aucune origine mentionnée et 22% une origine purement générique avec des mentions floues du type « origine UE » ou « non UE ». Au palmarès du flou figurent la volaille (64 %), le porc (38 %) et le bœuf (32 %) mais les viandes restent devancées par les céréales et les légumes (84%), « catégorie d’aliment n’ayant jamais fait l’objet d’une obligation d’étiquetage ».
« French washing »
Et un logo de plus, limité à trois ingrédients, pas obligatoire, pas obligatoirement physique, pas européen... : Origin’Info n’échappe pas aux critiques dont certaines communes au Nutri-Score. L’initiative marque cependant une avancée, d’autant plus louable que 51% des Français estiment que l'origine des produits est, avant le prix, le critère le plus important, selon un sondage récent de l’Institut CSA. Bon pour nos (bons) produits agricoles, le logo est bon aussi pour la santé de nos concitoyens, Santé Publique France alertant régulièrement des méfaits sur la santé d’une consommation excessive d’aliments ultra-transformés, dopés au marketing. Gageons au passage que le gouvernement finira par mettre en œuvre la future Stratégie nationale de l’alimentation, de la nutrition et du climat (SNANC), censée pseudo, super, hyper ou ultra-transformer l’environnement alimentaire. Rien de tel que les produits bruts, assortis en prime des logos AOP, IGP et autres Viandes de France, Œufs de France, Fruits et légumes de France etc... A condition qu’ils ne fassent pas l’objet de « french washing », autrement dit d’une francisation, avec l’emblème fallacieux du drapeau tricolore, de l’Hexagone ou encore d’un coq.