Plan eau : le contre-plan de la Confédération paysanne

Outre la fin des « méga-bassines », le syndicat réclame une priorisation des usages vers l’abreuvement des animaux et les productions agricoles qui relocalisent l’alimentation et favorisent les emplois en agriculture, en particulier le maraîchage. Et réclame du concret s’agissant du sol-réservoir.

La priorité donnée au stockage de l’eau dans le sol, le développement d’une irrigation plus efficiente assortie de la construction de nouvelles infrastructures de stockage « muti-usages », le tout sur fond de réorientation des assolements offrant dans tous les territoires et pour toutes les filières davantage de résilience au changement climatique : tel est ,en résumé, l’esprit du Plan eau dévoilé par le président de la République le 30 mars. « Tant mieux », a réagi dans un communiqué la Confédération paysanne à propos de la prééminence dévolue au stockage dans le de sol. « Malheureusement aucune mesure concrète n'est annoncée », a-t-elle aussitôt déploré, tout en formulant des propositions, à savoir le financement de pratiques permettant de retenir l’eau dans les sols telles que les couverts végétaux, les haies, les prairies permanentes, les semences paysannes ou encore les bandes enherbées, assorties de mesures de  protection de la qualité de la ressource, telles que la baisse des intrants chimiques de synthèse.

Economiser et prioriser les usages

Pour la Confédération paysanne, « un vrai Plan eau est un plan qui permet de réduire réellement les prélèvements d'eau de l'agriculture. Pour cela, il faut se poser les bonnes questions : qu'est-ce qu'on irrigue ? Pour quel modèle agricole et alimentaire ? La réponse doit être un modèle agricole qui relocalise l'alimentation, produit une alimentation de qualité et in fine limite ses prélèvements et protège la ressource en eau ». La Conf’ réclame une priorisation des usages de l’eau vers l’abreuvement des animaux et les productions agricoles qui relocalisent l’alimentation et favorisent les emplois en agriculture, en particulier le maraîchage. Elle propose ainsi de plafonner les volumes d'eau accordés par ferme, en fonction du nombre d'actifs et des productions, et des des condition-pédoclimatique et hydrogéologiques du territoire.

Revoir la gouvernance des PTGE

S’agissant de la gouvernance territoriale justement, la Conf’ fustige le fonctionnement actuel des Projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), instances au sein desquelles toutes les parties (agriculteurs, associations, institutions etc.) sont censées faire émerger des projets cochant toutes les cases de la durabilité, dans une démarche de co-construction, prévenant les risques de conflits et de recours, avec un succès tout relatif, le blocage étant plutôt la règle que l’exception. La Conf’ estime que les PTGE sont « affranchis de la mainmise des irrigants et majoritairement pensés par les irrigants de manière à contrecarrer la baisse des prélèvements pourtant urgente ».

Arrêter les « méga-bassines »

Sans surprise, la Conf’ réclame l’arrêt des projets de réserves de substitution, qualifiées de « méga-bassines ». Et pourtant, sur la question du stockage, le syndicat adresse un satisfecit au Plan eau gouvernemental. « Les critères fixés par ce plan eau sont le contraire des méga-bassines : partage, fondements scientifiques et conditionnement aux changements de pratiques. Nous espérons ainsi qu'il sera mis fin à tous les projets de stockage qui ne respectent par ces critères ». A la place des méga-bassines, la Confédération paysanne plaide pour la mise en place de retenues d’eau remplies par ruissèlement, qui soient perméables au milieu (pas de bâches plastique), déconnectées du milieu en période d’étiage, favorisant au maximum le multi-usages, et conçues de manière à ne pas trop impacter la biodiversité.