Prix planchers : une coalition Conf’, CR et Modef

Dans une lettre ouverte au président de la République, les trois syndicats réclament la mise en œuvre « urgente » d'outils de régulation des marchés, dont les prix planchers évoqués par Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture.

Après la coalition des oppositions (LFI, LR, RN), ayant obtenu l’examen du projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture, par le Conseil constitutionnel, et de fait son report à l’Assemblée nationale, une autre coalition « des contraires » a éclos cette semaine, du côté syndical cette fois. La Confédération paysanne, la Coordination rurale et le Modef ont en effet apposé leur logo et leur signature dans une lettre ouverte adressée au président de la République. Sans renier leurs « différences », les trois syndicats font cause commune « face au contexte de crise » et se trouvent un dénominateur commun : « des prix rémunérateurs, la condition n°1 pour sortir durablement de la crise agricole », comme ils l’écrivent en tête de leur lettre ouverte, datée du 9 avril.

Des prix planchers mais pas que

Les trois syndicats, qui ne manquent pas de faire remarquer qu’ils représentent 50% des agriculteurs de France et de Navarre, réclament l’instauration de « prix planchers », évoqués par le président de la République dans un débat improvisé (et forcé) le 24 février dernier, jour d’ouverture mouvementée du Salon de l’Agriculture. Depuis, c’est l’opposition, emmenée par les Écologistes, qui a mis le sujet à l’agenda de l’Assemblée nationale le 4 avril dernier, avec une adoption en première lecture, et un examen au Sénat programmé le 30 mai. « Abandonner ce sujet central à la seule évaluation des lois Egalim est complètement insuffisant, trop incertain et trop lent », expliquent de leur côté les trois syndicats, qui réclament « l'interdiction d'achat de nos productions en dessous du prix de revient qui comprend nos charges, la rémunération de notre travail et notre protection sociale ».

La requête vaut pour les produits importés, afin de « neutraliser » la concurrence déloyale tant sur le plan social qu'environnemental. Et de citer, pour prévenir le procès en utopie, le cas des Etats-Unis et leurs mesures de protection contracyclique.

Au-delà des prix planchers, la Conf’, la CR et le Modef réclament la mise en œuvre d’autres outils de régulation comme la gestion des volumes, le stockage public, encadrement des marges de l'agro-industrie et de la grande distribution, jugés « indispensables » pour « prévenir les crises et protéger les agricultrices et agriculteurs de la volatilité des marchés ».