Vers un bouclier climatique pour chaque exploitation

Les Chambres d’agriculture vont réaliser une première salve-test de 1 000 diagnostics et plans individualisés d’adaptation au changement climatique, avant de passer au rythme de 10 000 à 15 000 diagnostics annuels en exploitation. Une initiative distincte du Conseil stratégique.

Dans le cadre du Varenne agricole de l’eau et du changement climatique, les Chambres d’agriculture avaient apporté leur contribution à l’élaboration de diagnostics territoriaux permettant d’évaluer les impacts du changement climatique sur les productions agricoles, avec des déclinaisons par petites régions agricoles. Les Chambres vont désormais passer aux travaux pratiques tout en resserrant la maille de leur expertise. « A partir de janvier 2023, nous allons réaliser une première salve de diagnostics individualisés auprès de 1000 exploitations réparties sur le territoire, annonce Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France. Ce premier contingent aura valeur de test, avant d’adopter un rythme compris entre 10 000 et 15 000 diagnostics annuels ».

Sébastien Windsor :  « Les plans d’action pourront déboucher sur des transformations de système et/ou sur la nécessité de réaliser des investissements. Dans les deux cas, les Chambres se mobiliseront pour conseiller les agriculteurs dans leur transition et dans la réalisation des dossiers de financement » (Crédit photo : Chambres d’agriculture France)
Sébastien Windsor : « Les plans d’action pourront déboucher sur des transformations de système et/ou sur la nécessité de réaliser des investissements. Dans les deux cas, les Chambres se mobiliseront pour conseiller les agriculteurs dans leur transition et dans la réalisation des dossiers de financement » (Crédit photo : Chambres d’agriculture France)

S’adapter et s’assurer

Sur chaque exploitation, le conseiller réalisera un diagnostic global, examinant de manière exhaustive toutes les composantes de l’exploitation, depuis les assolements jusqu’aux bâtiments en passant par les techniques culturales et fourragères permettant d’atténuer et/ou d’adapter les impacts du changement climatique. Le volet assurantiel ne sera pas oublié. « Il faut que les agriculteurs adhèrent massivement afin de se concentrer sur les enjeux liés à l’adaptation au changement climatique en amont et pas sur la gestion a posteriori des crises, argumente Sébastien Windsor. S’ils ne s’assurent pas, nous aurons à gérer des crises infernales et colossales ».

Accompagner et mobiliser des financements

La réalisation du diagnostic et l’élaboration du plan d’actions devraient nécessiter entre un ou deux jours d’expertise. Les Chambres escomptent mobiliser des fonds du Casdar pour minimiser la dépense. « Il y aura un petit reste à charge car ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur », devise le président des Chambres. Les nouveaux installés pourraient bénéficier d’un financement dédié, dans le cadre du « stress-test » évoqué par le président de la République à Terres de Jim le 9 septembre dernier. Mais la réalisation des diagnostics n’est que la face immergée de l’iceberg. « Les plans d’action pourront déboucher sur des transformations de système et/ou sur la nécessité de réaliser des investissements, poursuit Sébastien Windsor. Dans les deux cas, les Chambres se mobiliseront pour conseiller les agriculteurs dans leur transition et dans la réalisation de dossiers de financement ». Encore faudra-t-il que les financements suivent mais ce n’est pas du ressort des Chambres.

Télescopage avec le Conseil stratégique

Ces dernières vont tout de même avoir fort à faire dans les années à venir, d’autant que les diagnostics climatiques vont se télescoper avec le Conseil stratégique, relatif à la réduction des usages et des impacts des produits phytosanitaires. Deux thématiques lourdes, que les Chambres ne souhaitent pas fondre en une seule et unique prestation. « Le retour d’expérience révèle que peu d’agriculteurs sont mûrs pour aborder de front deux thématiques qui ont assez peu de lien entre elles, donc nous avons décidé de cloisonner », conclut Sébastien Windsor.