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Mercredi 26/11/2025
« Comment pouvez-vous aider la viticulture ? » : la filière interpelle les (futurs) maires des 20.000 communes viticoles
[Sitevi 2025] La CNAOC soumet 10 propositions aux futurs candidats aux élections municipales, illustrant à la fois les enjeux socio-économiques dont la filière est porteuse et la capacité des maires à peser le destin d’un secteur qui trinque à tout-va, à la croisée des terroirs et des territoires.
Quelle est l’activité réalisant l’assemblage, pour ne pas dire l’alchimie, entre Histoire, patrimoine, culture, gastronomie, art de vivre, rayonnement international, économie, emploi et qui concerne plus d’une commune sur deux en France, 20.000 exactement selon le décompte de la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à AOC (CNAOC) qui, forte de ses 386 AOC viticoles, en connait un rayon (ou plus exactement des rangs de vigne) en matière de terroir et de territoire ? Réponse : la culture de la vigne, l’élaboration et la commercialisation du vin et l’œnotourisme. Autant d’activités non délocalisables. Mais pas sacralisées loin s’en faut.
Depuis 2020, entre la crise sanitaire du Covid-19 qui a chamboulé tous les circuits de distribution (France et export confondus), le Brexit (le Royaume-Uni est notre 2ème marché export en vin, le 4ème en spiritueux), les surtaxes américaines de Trump 1 et Trump 2, la guerre en Ukraine, les prétendues mesures anti-dumping de la Chine sur les brandys européens (ciblant essentiellement le Cognac) et les affres du changement climatique, la filière viticole encaisse chocs sur chocs, que vient parachever la baisse de consommation, le marché domestique étant de loin le débouché numéro un de la production hexagonale.
La France, l’Europe et le grapillon communal
Aides d’urgence, mesures de soutien aux trésoreries, programmes d’arrachage, campagnes de distillation de crise etc. : les pouvoirs publics n’ont pas ménagé leurs efforts financiers pour maintenir la filière à flot en sollicitant, chaque que cela était requis et/ou possible, le blanc-seing et l’obole des instances européennes. Pour le seul épisode de gel massif d’avril 2021, l’Etat a mobilisé plus d’un milliard d’euros. Sauf que dans la balance, il y a 92 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 440.000 emplois.
A l’approche des élections municipales, considérant non sans raison que les collectivités locales avaient aussi entre leurs mains des grapillons de destin de la filière, la CNAOC propose un « pacte pour les territoires viticoles », égrenant 10 propositions de nature à soutenir la production, le marché et l’attractivité des entreprises. Il ouvre, après le plan de relance de la filière présenté en début d’année, puis les rapports des Commissions économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat, de nouvelles pistes exploratoires pour sortir de la crise.
Les 10 leviers plus ou moins à portée de paraphe des maires…
- renforcer le statut des ODG en les déclarant Personne publique associée (PPA), et qui pourront ainsi contribuer à l’élaboration des documents d’urbanisme et rendre un avis sur les projets d’installation annexes au vignoble ayant un impact sur l’AOC ;
- sensibiliser les élus locaux et les vignerons sur l’intérêt des Secteurs de taille et de capacité d’accueil (Stecal), de nature à favorise le développement d’activités économiques et oenotouristiques au cœur des exploitations (gîte, meublé de tourisme etc) dans des zones normalement inconstructibles ;
- suggérer la mise en place de Zone agricole protégée (ZAP), une servitude d’utilité publique (SUP) susceptible de sacraliser l’espace agricole et créer une zone de partage claire entre la zone d’expansion économique et les aires géographiques AOC ;
- faire porter aux aménageurs la responsabilité et la charge d’ériger un espace de transition végétalisé non artificialisé (Zone de non traitement) entre les espaces agricoles et les espaces de la zone urbaine ou à urbaniser, c’est-à-dire en dehors des zones dévolues à l’agriculture ;
- déroger au droit commun du bruit de voisinage pour prendre en compte les besoins d’organisations du travail dans les exploitations agricoles afin de garantir la sécurité des travailleurs (travail en horaire décalé, matin et soirée), la réglementation phytosanitaire (encadrement des horaires de traitements pour les pollinisateurs) et maintien des standards de qualité et des profils produits (vendange nocturne pour préserver les acidités), le tout dans un contexte de changement climatique ;
… dont 5 ayant trait à l’œnotourisme
- participer à la structuration d’une offre oenotouristique globalisée en intégrant l’œnotourisme dans le contrat régional de développement et de transition et penser le tourisme des territoires en associant les collectivités les forces-vives, à l’image de de nombreux exemples de Routes des Vins ;
- intégrer les activité oenotouristiques (et les travailleurs viticoles) dans les Plans de mobilité (PDM) pour faciliter l’accès et lever le verrou du dernier kilomètre ;
- mettre en place, au sein des offices du tourisme, un accompagnement vers la labélisation Vignobles & Découvertes pour renforcer la professionnalisation des acteurs et accroitre la satisfaction des œnotouristes ;
- reconduire et pérenniser la dérogation permettant l’obtention de nouvelles licences IV dans les communes de moins de 3500 habitants qui n’en disposent pas, pour faciliter l’installation de cafés et de bistrots, sources de dynamisme économique et de lien social en zones rurales ;
- à l’intention des professionnels, poser un cadre clair à la consommation de vins et spiritueux à l’occasion de la visite d’un site de production, d’une maison des vins et des monuments historiques