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Elections Chambres : la Conf’ escompte créer « la surprise »
La Confédération paysanne espère remporter 10 Chambres d’agriculture et devenir le premier syndicat dans 20 départements, à la faveur d’une « dynamique » de mobilisation d’une part et, d’autre part, de combats et de propositions « historiques, cohérentes et totalement en phase avec les défis actuels ».
« Le duel entre la Coordination rurale et la FNSEA qui est annoncé n’aura pas lieu » : c’est ce qu’a déclaré Thomas Gibert, secrétaire national de la Confédération paysanne, à l’occasion d’une conférence de presse mercredi, au lendemain de l’ouverture officielle de la campagne pour les élections professionnelles. La Conf’ espère ainsi jouer les trouble-fêtes, pour ne pas dire les avant-postes, entre une CR qui « s’agite, sans proposition, sans travail et sans accompagnement sur le terrain » et l’alliance FNSEA-JA, au bilan « catastrophique ». « La situation dans laquelle se trouve l’agriculture est le résultat de ce bilan dont est comptable la FNSEA-JA, juge Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne et tête de liste dans l’Ariège. Beaucoup de paysans ne se sentent pas accompagnés dans leur Chambre ».
« Bonnet vert et bonnet jaune »
Si la Conf’ a pu paraître quelque peu en retrait des actions d’éclat de la CR et de la mobilisation au long cours des syndicats majoritaires, elle revendique des propositions « historiques et cohérentes », au niveau local, national et à Bruxelles. « Depuis toujours, on travaille sur des questions de souveraineté alimentaire, on alerte sur le fait que l’agriculture est la première victime du dérèglement climatique, poursuit Laurence Marandola. On est le syndicat qui dénonce les accords de libre-échange qui tirent les prix vers le bas et qui détruisent des fermes. Les propositions de la Confédération paysanne sont complètement modernes et en phase avec les défis actuels ».
La Conf’ estime ainsi être la seule et la vraie alternative. « FNSEA-JA et Coordination rurale, c’est bonnet et bonnet blanc, ou bonnet vert et bonnet jaune », estime l’éleveuse ariégeoise. La Conf’ pourfend le modèle « productiviste, conscient et d’accord avec la dérégulation du marché ». Pour Thomas Gibert, « croire que l’on va réussir à gagner de la compétitivité sur le marché international en abaissant les normes environnementales et sociales, en réintroduisant les néonicotinoïdes, c’est se mettre le doigt dans l’œil, c’est une impasse mortifère ».
10 Chambres et le 1er syndicat dans 20 départements
La Conf’ annonce clairement la couleur : elle escompte remporter 10 Chambres départementales, être le premier syndicat agricole dans vingt départements, contre neuf aujourd’hui, et être représentative, c’est-à-dire dépasser le seuil de 10% des suffrages dans tous les départements, huit d’entre eux manquant à l’appel aujourd’hui. Parmi les départements gagnables, la Conf’ cite l’Ardèche, l’Ariège et la Loire-Atlantique, refusant de dévoiler les six autres inscrits à son tableau de chasse, en dehors de Mayotte, que la Conf’ gère depuis 2019. A propos de Mayotte, où le scrutin est reporté suite aux ravages engendrés par le cyclone Chido en décembre dernier, la Conf’ estime « inacceptable » la proposition du gouvernement d’allouer 1000 euros à chaque agriculteur mahorais. « Vous imaginez pareille indemnisation à n’importe quel département français dont toute l’agriculture aurait été détruite par un cyclone, c’est juste insensé et indécent », dénonce Laurence Marandola.
Les « signaux » de l’effet de surprise
La Conf’ présente 92 listes dans le collège 1 (exploitants et assimilés), auxquelles s’ajoutent deux listes d’union dans les Landes et en Corse. Pour donner du corps à ses objectifs de conquête, le syndicat cite le taux d’adhésion en hausse de 20% sur les deux dernières années, la « dynamique » de mobilisation sur le terrain et plusieurs trophées tels que l’aide complémentaire jeunes agriculteurs, désormais forfaitaire et donc déconnecté de la SAU, l’indemnisation des pertes dues FCO-8 et plus seulement à FCO-3, l’accompagnement « d’un tiers » des nouveaux installés avec l’aide notamment de la FADEAR et « sans l’outil Chambres », sans oublier la « défense du revenu » ou encore l’élevage herbager et/ou de plein air.
La Conf’ inscrit aussi à son tableau cite également l’annulation de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc ou encore la condamnation de Lactalis à verser 475 millions d’euros au fisc français sur fond « d’évasion fiscale », ce qui lui fait dire que tout est possible, y compris la réalisation de ses objectifs aux élections professionnelles, où elle présente une femme en position éligible sur plus de la moitié de ses listes. Et de promettre, dans les Chambres conquises, de se mettre au service « de tous les paysans, de toutes les paysannes et de toutes les filières », une « meilleure gouvernance, de la démocratie et de la transparence », en ouvrant le Bureau aux syndicats minoritaires et en rendant publics les comptes-rendus des dits Bureaux, sans renoncer à la modification du mode de scrutin, aujourd’hui défavorable aux syndicats minoritaires et faisant exception dans le paysage des élections professionnelles, tous secteurs confondus. A propos de transparence, la Conf’ dénonce au passage des lacunes qui selon elle pourraient entacher le scrutin 2025, s’agissant notamment du vote électronique dont les tests auraient révélé des « défaillances ».