Face à la baisse des surfaces en AB, la Fnab réclame un « sursaut »

Après l’annonce, par l’Agence bio, d’un recul de 2% de la SAU bio en 2023, la Fnab réclame un relèvement de l’écorégime AB à 145€/ha, le fléchage à 100% des PSE vers les fermes bio, la conversion en AB des aires d’alimentation de captage ou encore un programme opérationnel pour le lait bio.

Selon les chiffres de l’Agence bio, la SAU certifiée bio s’est rétrécie de 54.184ha en 2023, soit une baisse de 2% par rapport à 2022, alors que dans le même temps, la SAU globale s’est rétractée de 0,6%. Le chiffre marque un premier accroc dans l’histoire de l'agriculture biologique, habituée ces dernières années à des taux de croissance à deux chiffres, avant que la crise inflationniste, la faiblesse de la commande publique ou encore la profusion-confusion de labels ne viennent saper la dynamique, sans oublier la communication lilliputienne.

Le pêcher originel de 2017

Autre chiffre inquiétant : les surfaces en conversion (années C1, C2 ou C3) affichent une baisse de 30%, ce qui va mathématiquement rogner le potentiel de croissance dans les années à venir. Autant dire que l’objectif inscrit dans le Plan stratégique national (PSN) d’atteindre 18% de SAU bio en 2027 est moribond. « L’erreur, ça a été de supprimer l’aide au maintien et de refuser de la remplacer par un soutien sérieux sur l’écorégime en faisant croire que le consommateur assumerait seul le coût de la bio, toutes les tendances syndicales sont aujourd’hui d’accord là-dessus », a réagi dans un communiqué Loïc Madeline, référent Pac à la Fnab.

En plein Salon Tech&Bio 2017, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Stéphane Travert, programmait la fin de l’aide au maintien, laissant le soin aux Régions sinon au marché de combler le vide. Les deux ont effectivement opéré pendant quelques années jusqu’au renversement conjoncturel amorcé en 2022.

Les requêtes de la Fnab

Pour enrayer la décroissance de la bio, la Fnab réclame le relèvement de l’écorégime bio à 145€/ha contre les 110€/ha programmés dans le PSN qui se sont transformés en 93,72€/ha effectivement versés pour la campagne 2023. « La bio a apporté les preuves scientifiques qu’elle est le label le plus abouti pour combiner productivité et durabilité et pourtant, de nombreux soutiens publics partent encore vers des démarches qui n’ont pas fait leurs preuves comme le label HVE qui capte plus de 140 M€ par an du budget de la Pac », argumente la Fnab. L’organisation réclame par ailleurs le fléchage de 100% des Paiements pour services environnementaux (PSE) vers les fermes bio. La Fnab demande par ailleurs à ce que 100% des aires d’alimentation de captage d’eau soient conduites en bio d’ici à 2030. Elle attend enfin l’ouverture d’un programme opérationnel pour le lait bio dès 2025.

Quid des reliquats d’aide à la conversion

Le prochain sujet de discorde entre la Fnab et les pouvoirs publics pourrait se focaliser sur les reliquats d’aides à la conversion consécutifs au recul enregistré en 2023. La Fnab espère que, par un jeu de vases communicants, les montants concernés ne servent pas à financer les Maec, l’Etat ayant déjà sorti de son chapeau 150 millions d’euros pour honorer le succès et le dépassement du budget prévisionnel de ce dispositif au catalogue enrichi dans le PSN. Le jour même de la présentation du panorama 2023 par l’Agence bio, le ministère de l’Agriculture a envoyé un signal, en annonçant une rallonge de 15 millions d’euros destinée à couvrir l’intégralité des demandes du fonds d’urgence. Une mise en bouche, espère-t-on à la Fnab, qui attend un « sursaut » du soutien au développement de la bio.