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McDo, le nugget veggie, la Limousine et la Mousline
[Edito] Alors que les pouvoirs publics rechignent à mettre sur le grill la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, l’enseigne américaine intègre à sa carte des nuggets à base de protéines de blé et de pois. Au nom du flexitarisme. C’est tout ce qu’on aime.
Les organisateurs du Salon international de l’agriculture (SIA) ont dévoilé cette semaine, précisément le 8 octobre, la race bovine égérie de l’édition 2025, programmée du 22 février au 2 mars. « Présente à Paris dès le 1er Concours général agricole en 1870 », la Limousine succédera à la Normande Oreillette, un nom prédestiné eu égard aux forces de l’ordre qui tournoyaient autour de son box le 24 février dernier lors d’une inauguration jupitérienne mais néanmoins entravée par un soulèvement de Terriens. Ce même 8 octobre, c’est la date qu’a choisie McDonald’s pour mettre au menu de ses restaurants français, « de manière permanente », des nuggets à base de protéines végétales, façonnés par Beyond Meet, l’entreprise californienne qui, depuis 2009, entend apporter sa contribution à la sauvegarde de notre planète et de notre santé, en proposant des viandes d’origine végétale. Un télescopage singulier, quand on sait que McDonald’s s’affiche au SIA depuis 23 ans, à un jet de bouse d’Interbev, l’interprofession du bétail et des viandes.
Au nom du flexitarisme
McDonald’s, la marque faite burger, dont le siège est à Chicago, ex-ville abattoir des Etats-Unis tout entiers, a longtemps ruminé l’intégration de denrées simili-carnées à sa carte. Elle a franchi le pas en 2021 en mode « mini », pour ne pas dire en catimini, avant de passer au menu « maxi, » dans différents pays dont les Etats-Unis. Et désormais en France, pays de la Charolaise, de la Blonde d’Aquitaine et de la Limousine, porteuse du discret signe de qualité Haute valeur naturelle (HVN). « Avec une constante augmentation du nombre de Français adoptant un régime végétarien ou flexitarien, McDonald’s répond à l’évolution des habitudes alimentaires », se justifie la filiale française dans un communiqué. Voilà donc l’enseigne américaine engagée dans la transition alimentaire, emboitant le pas à Interbev qui, depuis 2019, prône le flexitarisme, « un véritable engagement pour une consommation raisonnée en faisant le choix d’une viande durable, telle qu’elle est produite par notre filière française ». Avec pour estampille : « aimez la viande, mangez-en mieux ».
Stratégie savoureuse
Ce n’est pas exactement un appel à la déconsommation, prôné autant par les nutritionnistes que par les climatologues, ou par la Fondation pour la nature et l’homme qui, dans un récent rapport, défend le « moins et mieux de viande » au bénéfice des éleveurs. Mais il est tout de même assez savoureux de constater que des défenseurs et pourvoyeurs de produits carnés mettent, de leur propre chef, de l’eau dans leur vin, ou plus exactement des « composés de protéines de blé et pois et enrobés d'une panure croustillante, savant mélange de farines de blé et de maïs, légèrement salé avec des notes de poivre et de céleri » dans leurs nuggets végétaux, s’agissant de McDo. Autant de bienséance que l’on serait en droit d’attendre des pouvoirs publics, qui s’escriment à essayer de bannir l’emploi des termes « steaks », « lardons » et autres « jambons » à l’endroit de produits végétaux (ce que la Cour de justice de l’UE vient de casser dans un arrêt du 4 octobre dernier) plutôt que de mettre sur le grill la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC). Et si possible sans la cramer.
Le « pois » de McDo
En France, où la firme américaine réalise environ un quart de son chiffre d’affaires, un Français sur deux mange au moins une fois par mois dans un de ses 1560 restaurants. C’est dire si l’enseigne pèse dans l’assiette (ou plus exactement dans l’estomac) de nos concitoyens et dans leur imaginaire culinaire, que le nugget végétarien va donc tenter d’imprimer. « C’est pareil mais c’est pas pareil » (que les nuggets au poulet), rassure l’enseigne, dont le poulet est 100% français, soit dit en passant. Toutes denrées confondues, McDo se fait fort de s’approvisionner à 75% en France, pour un montant frôlant le milliard d’euros annuel. Gageons que les « composés de protéines de blé et pois », que la météo a particulièrement maltraités cette année, seront eux aussi « frenchies ». En attendant que le SIA mette, un jour, la Belle de Fontenay en haut de l’affiche, pas forcément sous forme de Mousline (que l’on a tous aimé), mais aux côtés de la Limousine pour sûr.