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Carbioz, la plateforme carbone qui compte en faire plus que des tonnes
[Edito] L’association du Crédit agricole et de France Carbon Agri a vocation à faire décoller le marché des crédits carbone volontaires, par la stimulation de la demande en circuits courts, sans exclure la valorisation d’autres services environnementaux rendus par les agriculteurs.
La tonne équivalent de CO2 : tel est l’étalon qui matérialise l’empreinte carbone de chacun d’entre nous, générée, à notre corps défendant, par nos activités vitales sinon essentielles : se nourrir, se loger, se déplacer. C’est cette même tonne équivalent CO2 qui jauge l’empreinte carbone des entreprises, agricoles et non agricoles. A une nuance près : l’agriculture est, avec la sylviculture, la seule activité économique à pouvoir agir sur le levier de la séquestration du carbone, à telle enseigne qu’il suffirait d’augmenter le stockage annuel de 4 pour 1000 sur toute la profondeur du sol pour compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES) produits par la planète en un an. Toutes les autres entités - particuliers, associations, entreprises, collectivités - ne peuvent « que » tenter de réduire leurs émissions, un levier dont les exploitations agricoles ne sont pas exonérées bien entendu, et qui transparait en bonne et due forme dans leur bilan carbone.
Carbioz, « l’IGP des crédits carbone »
C’est là où les pouvoirs publics, avec la neutralité carbone en ligne de mire en 2050, entrent en scène avec le Label bas-carbone (LBC). Créé en 2018, le LBC permet aux entreprises, collectivités et associations souhaitant contribuer à la neutralité globale au-delà de la réduction de leurs propres émissions, de se porter acquéreuses de ces crédits carbone dits « volontaires » issus des projets de transition d’autres acteurs, pour ne pas dire des agriculteurs. Sous l’égide de France Carbon Agri, la profession s’en empare dès 2019, à travers plusieurs appels à projet ciblant les élevages bovins, puis les grandes cultures, en attendant l’approbation des méthodologies appliquées aux ovins, aux porcins ou encore à la viticulture. Problème : les projets manquent de visibilité et les acheteurs, principalement des multinationales, portent très majoritairement leurs choix sur des crédits carbone générés aux antipodes. L’antidote s’appelle Carbioz et vise à stimuler la demande de crédits carbone en circuits courts, autrement dit au cœur des territoires. « Carbioz, c'est l’IGP des crédits carbone », résume Samuel Vandaele, président de France Carbon Agri.
Structuration et massification
Association du Crédit agricole et de France Carbon Agri, Carbioz est le tiers de confiance entre agriculteurs et contributeurs (entreprises, collectivités locales...), fournissant aux deux parties tous les gages de conformité, de transparence, de traçabilité, tout en simplifiant les procédures via la plateforme internet. La démarche, relayée dans les territoires par l’ensemble des Caisses régionales de la banque verte, va bénéficier d’un coup de pouce règlementaire, avec la directive dite « CSRD » (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui impose aux entreprises de publier leur bilan carbone et de définir une trajectoire de réduction d’émissions de GES. Carbioz va ainsi permettre de structurer et de massifier la transition des exploitations agricoles, dont les premiers retours d’expérience démontrent que l’efficience environnementale se conjugue avec l’efficience économique.
Le malaise et la crise agricole de ces derniers mois ont rappelé à nos concitoyens que les agriculteurs détenaient la clé de nos frigos et de nos restos. Avec Carbioz, ils vont aussi les percevoir en acteurs de la décarbonation et de la préservation des écosystèmes, Carbioz ayant vocation à commercialiser d’autres prestations environnementales, relatives à la biodiversité, à la qualité de l’eau ou encore à la qualité des sols. Mais là, « la tonne étalon » fait encore défaut.