[Rétro 2024] Les 12 temps forts d'une année agricole sacrificielle

Malmenée par les aléas climatiques et sanitaires, ballotée par les errances politiques avant d’être crucifiée par l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, l’agriculture française a pris cher en 2024.

En janvier, les paysans sur le bitume, le Premier ministre sur la paille

La colère qui couvait à bas bruit depuis des mois, sur fond de refiscalisation du GNR et d’émergence de la MHE, connait son point d’orgue à Carbonne (Haute-Garonne) où les tracteurs bloquent durant 10 jours l’autoroute A64, que Gabriel Attal, au coin d’un botte de paille, débloquera partiellement et provisoirement en « topant » avec l’éleveur Jérôme Bayle. C’est aussi sur le bitume que le mouvement va connaitre un drame, avec la mort accidentelle d’une jeune éleveuse et de sa fille en Ariège. Lire la suite.

Le 26 janvier à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), non loin du barrage de Carbonne, le Premier ministre Gabriel Attal annonce une première salve de mesures (Crédit photo : ministère de l’Agriculture)
Le 26 janvier à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), non loin du barrage de Carbonne, le Premier ministre Gabriel Attal annonce une première salve de mesures (Crédit photo : ministère de l’Agriculture)

En février, au Salon de l’agriculture, le soulèvement de terriens 

La 60ème édition du Salon de l’agriculture fait la fête à la race normande et à son égérie, Oreillette. Mais quelques centaines d’agriculteurs ont aussi fait la « fête » à Emmanuel Macron, lors d’une inauguration mouvementée, avec un déploiement inédit de forces de sécurité pendues à leur oreillette. La crise ouverte en janvier ne sera toujours pas refermée en décembre. Lire la suite.

Le 24 février, après un débat improvisé et quelques heures de retard, le président de la République entame une déambulation sous haute escorte (Crédit photo : R. Lecocq)
Le 24 février, après un débat improvisé et quelques heures de retard, le président de la République entame une déambulation sous haute escorte (Crédit photo : R. Lecocq)

En mars, on plante des haies et en octobre, on plante le Pacte

Crédité de 110 millions d’euros pour 2024, le Pacte en faveur la haie entend faire table rase du passé pour faire sortir de terre un gain net de 50.000 km de linéaire de haies d’ici à 2030. En octobre, le budget est amputé des trois-quarts. En décembre, il n’y a plus de budget. Lire la suite.

La haie, sacrifiée depuis des lustres par les remembrements et les arasements au nom des gains de productivité, allait de nouveau barrer l’horizon des mornes plaines (Crédit photo : R. Lecocq)
La haie, sacrifiée depuis des lustres par les remembrements et les arasements au nom des gains de productivité, allait de nouveau barrer l’horizon des mornes plaines (Crédit photo : R. Lecocq)

En avril, la France gagne une bataille contre l’Influenza aviaire

Six mois après le lancement de la vaccination des canards, seulement 10 foyers d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) sont détectés en élevage contre plus de 300 un an plus tôt. Une étude de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse démontrera que 700 foyers ont été évités grâce à la vaccination, laquelle sera reconduite dès octobre. Lire la suite.

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, vaccinant un canard et inaugurant la première campagne vaccinale, le 2 octobre 2023, dans un élevage des Landes (Crédit photo : ministère de l’Agriculture)
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, vaccinant un canard et inaugurant la première campagne vaccinale, le 2 octobre 2023, dans un élevage des Landes (Crédit photo : ministère de l’Agriculture)

En mai, la loi d’orientation agricole adoptée… pour 12 jours

Percuté par la crise agricole puis par la dissolution de l’Assemblée nationale, le projet de loi aura survécu 12 jours à son adoption au palais Bourbon. En septembre, la nouvelle ministre de l’Agriculture, reconduite en décembre, reprendra le flambeau. Pour ne pas dire le lambeau. Lire la suite.

Le défi et l’urgence de renforcer l’attractivité du métier attendront encore un peu, beaucoup… (Crédit photos : R. Lecocq)
Le défi et l’urgence de renforcer l’attractivité du métier attendront encore un peu, beaucoup… (Crédit photos : R. Lecocq)

En juin, la bio atteint son plafond de vert

Pour la première fois dans l’histoire récente de la bio, les surfaces certifiées AB reculent et ramènent le taux de SAU bio à 10,36% en 2023 contre 10,50% en 2022. La faute à la crise inflationniste, à la faiblesse de la commande publique ou encore à la profusion-confusion de labels, alors que les bienfaits comme les vocations ne se démentent pas. Lire la suite.

A l’heure où la montée en gamme est malmenée par la quête de descente en prix et par la foire aux mentions privées plus ou moins fantaisistes, la bio est victime de décroissance (Crédit photo : R. Lecocq)
A l’heure où la montée en gamme est malmenée par la quête de descente en prix et par la foire aux mentions privées plus ou moins fantaisistes, la bio est victime de décroissance (Crédit photo : R. Lecocq)

En juillet, la pire moisson depuis 40 ans

Conséquence d’un interminable enchainement d’aléas météorologiques, la production de blé tendre passe sous les 26 millions de tonnes, du jamais vu depuis 1983. Comble de malchance, la récolte mondiale est pléthorique et les cours atones, pendant que le gouvernement, démissionnaire, « chaume ». Lire la suite.

En 2024, les céréaliers ont subi la double peine avec des rendements en chute libre et des cours atones (Crédit photo : R. Lecocq)
En 2024, les céréaliers ont subi la double peine avec des rendements en chute libre et des cours atones (Crédit photo : R. Lecocq)

En août, les maladies vectorielles cernent la France ruminante

L’irruption du sérotype 3 de la FCO à la frontière belge accroit la pression sur les élevages de ruminants, confrontés à la FCO-8 dans le sud-ouest et, depuis la fin 2023, à la MHE sur la moitié du territoire, ouvrant une nouvelle brèche de vulnérabilité pour des filières déjà fragiles, avec pour dénominateur commun, le changement climatique. En attendant les Assises du sanitaire animal. Lire la suite.

Les maladies vectorielles ont alimenté la poussée de fièvre agricole de l’année 2024, avant de déboucher, début 2025, sur les Assises du sanitaire animal (Crédit photo : R. Lecocq)
Les maladies vectorielles ont alimenté la poussée de fièvre agricole de l’année 2024, avant de déboucher, début 2025, sur les Assises du sanitaire animal (Crédit photo : R. Lecocq)

En septembre, le loup perd une canine

Le Comité des représentants permanents de l’UE se prononce en faveur du déclassement d'un cran du statut du loup, de « strictement protégé » à « protégé », ce que la Convention de Berne actera en décembre. Reste à adapter le Plan loup en conséquence. Lire la suite.

La décision du Comité permanent de la Convention de Berne, qui doit encore être transposée dans le droit communautaire et notamment dans la Directive Habitat, ouvre la voie à des mesures de régulation du loup (Crédit photo : R. Lecocq)
La décision du Comité permanent de la Convention de Berne, qui doit encore être transposée dans le droit communautaire et notamment dans la Directive Habitat, ouvre la voie à des mesures de régulation du loup (Crédit photo : R. Lecocq)

En octobre, rien ne « vin » plus

La France enregistre sa plus petite récolte depuis des décennies mais c’est encore trop, car dans le même temps, elle lance un programme d’arrachage qui effacera un peu moins de 30.000 hectares de la carte, après avoir massivement distillé. En attendant une vision stratégique de long terme… et le retour de Trump aux affaires américaines. Lire la suite.

27.461 hectares vont être effacés de la carte viticole dont la moitié, 14.794ha exactement, en Languedoc-Roussillon (Crédit photo : R. Lecocq)
27.461 hectares vont être effacés de la carte viticole dont la moitié, 14.794ha exactement, en Languedoc-Roussillon (Crédit photo : R. Lecocq)

En novembre, des pesticides au robinet de 10 millions de Français

C’est le constat établi dans un rapport interministériel, invitant à couper le robinet aux phytos, à défaut de protéger les aires d’alimentation de captages. Celles-ci font justement l’objet d’une attention particulière dans la Stratégie Ecophyto 2030, dévoilée quelques mois plus tôt, après la « pause » décrétée en pleine crise hivernale. Lire la suite.

Dans les Hautes-Pyrénées, un captage d’eau potable classé « prioritaire », cerné de miscanthus, une culture à bas niveau d’intrant (Crédit photo : R. Lecocq)
Dans les Hautes-Pyrénées, un captage d’eau potable classé « prioritaire », cerné de miscanthus, une culture à bas niveau d’intrant (Crédit photo : R. Lecocq)

En décembre, en guise de feu d’artifice, la finalisation de l’accord UE-Mercosur

La conclusion de l’accord de libre-échange parachève une année toute en menaces existentielles, aux plans économique, climatique, sanitaire mais aussi politique, Matignon ayant vu passer quatre Premiers ministres au cours de l’année. « On marche sur la tête », scandaient, visionnaires, les agriculteurs 12 mois plus tôt. Lire la suite.

Le 6 décembre à Montevideo (Uruguay), les pays du Mercosur et l’UE finalisent un accord de libre-échange initié en 1999 © X
Le 6 décembre à Montevideo (Uruguay), les pays du Mercosur et l’UE finalisent un accord de libre-échange initié en 1999 © X