La bio et le nouveau gouvernement, une petite foi, de grosses attentes

La Fnab réclame le versement des acomptes des aides bio dès la mi-octobre, au même titre que les aides couplées, découplées et de l’ICHN, et plus encore une réassurance sur le devenir de la filière. Les derniers chiffres de l’Agence bio témoignent d’une stabilisation des indicateurs au premier semestre.

« Allez les bio » : c’est l’intitulé de la campagne que lance ce 26 septembre la Fnab pour réaffirmer « la fierté à produire en bio » et pour montrer « la force de tout un réseau ». « Allez les bio », c’est sans conteste ce que les producteurs bio aimeraient entendre sortir de la bouche du nouveau gouvernement, à pied d’œuvre depuis le 21 septembre. « En son temps, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, avait défendu, en précurseur, l’introduction de 20% de produits bio dans les cantines. De son côté, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture depuis lundi, a soutenu cette année en tant que députée l’inscription dans la loi d’orientation agricole d’un objectif ambitieux de 21% de surfaces bio en 2030 », prend soin de rappeler la Fnab, à l'aube d'une nouvelle législature potentiellement des plus périlleuses.

Concernant les 20% de bio dans les cantines, on voit mal le nouveau Premier ministre contrarier ce que les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron ont tenté d’insuffler, avec les lois Egalim d’octobre 2018 et Climat et résilience d’août 2021 tandis qu’Annie Genevard a promis, lors de sa prise de fonction, de mener « rapidement la loi d’orientation à son terme ».

Pour des aides bio versées dès la 16 octobre

Pour la Fnab, la première urgence est cependant modifier le calendrier de versement des aides Pac, les aides bio étant versées entre mars et juin alors que les acomptes relatifs aux aides découplées (DPB, paiement redistributif, écorégime, aide complémentaire au revenu pour les jeunes agriculteurs), aux aides animales (bovine, ovine et caprine) ainsi que l’ICHN sont versées à la mi-octobre. La Fnab déplore que la France n’applique pas ce calendrier aux aides bio, alors que l’Europe l’autorise, avec un taux d’acompte pointant à 85% contre 70% pour les aides du 1er pilier.

Pour une revalorisation de l’écorégime

Le Fnab attend par ailleurs une revalorisation de l’écorégime. Si la bio bénéficie d’un traitement de faveur comparativement aux niveaux de base et supérieur de l’ex-paiement vert, le montant de l’écorégime bio, stabilisé à 97,30€/ha pour la campagne 2023 n’est pas à la hauteur du montant anticipé par le ministère de l’Agriculture dans le Plan stratégique national (PSN), encore moins à la hauteur de feu l’aide au maintien, marqueur du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. « On avait demandé que l’argent prévu dans la Pac pour la Bio soit sanctuarisé pour la bio et qu’il puisse passer de la conversion au soutien à des fermes déjà en bio si besoin, martèle dans un communiqué Philippe Camburet, président de la Fnab. Ça n'a pas été fait, on a déjà perdu 2% de surfaces bio en 2023 et ça va continuer en 2024. Si on veut stopper le cercle vicieux, il faut enfin poser les bases d’un financement équilibré de la bio dans la durée ».

Stabilisation au 1er semestre

Selon l’Agence bio, qui vient de publier quelques chiffres relatifs au 1er semestre, le solde entre entrants et sortant de l’AB reste positif, avec +1167 producteurs bio, soit une hausse de 14% comparativement au premier semestre 2023, les déconversions pointant de leur côté à +30%. En ce qui concerne le marché alimentaire, l’Agence bio fait état d’une baisse du chiffre d’affaires en grande distribution de  4,4% au premier semestre 2024 contre 4,7% au premier semestre 2023. La bonne nouvelle, c’est que la baisse est plus que compensée par la hausse des ventes en circuit spécialisé́ bio (+ 8,4%) et en vente directe (3%) , ainsi que pour les marques de distributeurs.