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A Tech & Bio, la FNAB veut voir le vert à moitié plein
Sur fond de multiplication des alertes écologiques légitimant les fondamentaux de la bio, la FNAB entrevoit des signes de reprise côté marché sans désespérer un soutien public à la hauteur des enjeux, avec davantage d’impulsion côté installation et commande publique, et un relèvement du crédit d’impôt côté budget.
Organisé par les Chambres d’agriculture, le salon Tech & Bio fête cette année sa 10ème édition, toujours dans le cadre du lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, un établissement vitrine de l’AB dans un département, la Drôme, non moins allant sur la bio. Depuis la première édition en 2007, la bio a connu une longue phase ascensionnelle à deux chiffres, avant d’affronter les montagnes russes de la pandémie du Covid et de l’agression russe en Ukraine, à l’origine d’une crise inflationniste dont la bio, et plus largement les signes d’origine et de qualité, ont pâti, et que la loi Egalim, non contraignante, n’a que partiellement tempérée s’agissant de la commande publique en restauration collective.
En 2024, l’agriculture biologique représente 14,9% des exploitations, 16% des emplois agricoles, 10,1% de la SAU et 5,7% des ventes de produits alimentaires. Des chiffres peu ou prou équivalents à ceux de 2022 et de 2023. « La bio, c’est toujours 3 millions d’hectares certifiés et 12 milliards d’euros de business, relativise Loïc Madeline, co-président de la FNAB. La reprise se fait sentir dans les magasins spécialisés et les producteurs en vente directe ont des carnets de commande blindés. Et je fais le pari que la grande distribution va revenir et qu’elle ne va pas laisser le business lui échapper ».
Du côté des porteurs de projet, l’appétence pour la bio reste prégnante mais le bât blesse au niveau de l’accompagnement, selon la FNAB. « De plus en plus de candidats en bio se détournent des aides à l’installation car ils estiment que les outils d’accompagnement ne sont pas adaptés, déclare Jean-Maxime Buisson, porte-parole de FRAB Auvergne Rhône-Alpes. L’éleveur avicole de la Drôme espère cependant que la création de France Services Installation va changer la donne, estimant que la loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture « n’est pas mal » sur ce point et « qu’il faut l’appliquer ».
Pas question, donc, pour la FNAB de renoncer à la massification de la bio et de la cloisonner et/ou de la cantonner à une mise en bouche dans un marché alimentaire des plus opulents (210 milliards d’euros), alors que les alertes concernant l’impact des pratiques agricoles sur la biodiversité, la santé des sols, la qualité de l’eau ou encore la santé humaine ne se démentent pas. « Quand on discute en tête à tête avec un député, qu’il soit de droite ou de gauche, aucun n’est insensible à la cause ou de la santé humaine ou de la santé environnementale », déclare Nathanaël Jacquart, président de la FRAB Auvergne Rhône-Alpes.
Reste que la bio a connu ces derniers temps quelques coups de boutoir de la part des pouvoirs publics, rognant ici le budget de l’Agence bio, quand ils ne remettent en cause son existence même, là en phagocytant plus de la moitié des reliquats d’aide à la conversion. Mais là encore, la FNAB affiche son pragmatisme, aucunement son défaitisme. « Nos revendications bougent moins vite que les politiques, déclare Loïc Madeline. On n’est pas très épais en nombre et en surface et malgré les coups politiques, on est présent et on dure car on a notamment l’avantage d’être sur un marché intra-national, de rester en dehors de la sphère mondialisée ». Et d’évoquer les producteurs de céréales ou de lait dépendants à hauteur de 30% ou 40% de l’export et de ses vicissitudes géopolitiques.
En terme de soutien, la FNAB demande une revalorisation de 4500 à 6000 € du crédit d’impôt bio. Mais en cette période de vacance gouvernementale et budgétaire, ce n’est pas à Tech & Bio que les annonces tomberont, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, comme ce fut le cas lors de l’édition 2017 avec l’annonce de la fin de l’aide au maintien. « Sans crédit d’impôt, c’est un plan d’urgence de la bio à 100 millions d’euros dans un an » prédit Nathanaël Jacquart.