Législatives 2024 : les simili-programmes agricoles et agro-environnementaux

Alors que les enjeux agricoles et environnementaux ne polarisent pas vraiment les scrutins des 30 juin et 7 juillet, les projets des trois principales forces en présence font dans la sobriété, voire l’impasse du côté des Républicains en proie au schisme. Revue, exhaustive pour le coup, des programmes officiels des trois blocs politiques.

Si l’agriculture a occupé le devant de la scène entre le 18 janvier, avec le début du blocage de l’autoroute A64 à Carbonne (Haute-Garonne) et le 24 février, avec la mouvementée inauguration présidentielle du Salon de l’agriculture, elle est nettement en retrait dans la campagne électorale express déclenchée par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, au soir des résultats des élections européennes, désavouant la majorité présidentielle.

Trois principales forces politiques vont tenter de rallier les suffrages des électeurs, à savoir Ensemble pour la République (Renaissance, Mouvement démocrate, Horizons, UDI, Parti radical), le Nouveau Front populaire (LFI, PS, Place publique, Les Ecologistes) et le Rassemblement national (RN). Du fait de l’imbroglio généré par le ralliement des Républicains au RN, il n’y a pas de programme agricole et (de programme tout court) pour les candidats se revendiquant de LR.

Ensemble pour la République (majorité présidentielle)

- PLOA : lors du sa conférence de presse du 12 juin, le président de la République a dit vouloir mener à bien le projet de loi d’orientation agricole (PLOA), adopté le 28 mai à l’Assemblée nationale et qui, sans sa dissolution, aurai dû être examiné par le Sénat à partir du 24 juin. Figuraient aussi à l’agenda législatif deux autres projets de loi, l’un concernant « Egalim 4 » et l’autre visant à réviser deux textes d’Egalim 1, à savoir le Conseil stratégique phytosanitaire et la séparation de la vente et conseil des produits phytosanitaires, le tout étant censé parachever, avec le projet de loi de finances 2025, les 70 engagements pots-crise du gouvernement. Pour autant, ces trois projets de loi en jachère ne figurent pas expressément dans le projet Ensemble pour la République

- revalorisation des retraites : toutes les pensions liquidées à compter du 1er janvier 2026 prendront en compte les 25 meilleures années de revenus de la carrière des agriculteurs, ce qui représentera « un gain de 100 € par mois pour près de la moitié des futurs retraités agricoles »

- prix rémunérateurs : la majorité actuelle instaurera des prix planchers par filière à partir de 2025, destiné à favoriser « une alimentation de qualité payée au juste prix »

- pesticides : après avoir réduit l’usage des plus dangereux « de 98 % depuis 2017 », l’objectif d’une baisse d’usage de 50% des pesticides d’ici à 2030 est réitéré.

Nouveau Front populaire

- annuler le Ceta, l’accord économique et commercial global entre le Canada et l’UE, renoncer à l’accord du Mercosur et protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale

- interdire l’importation de toute production agricole ne respectant pas nos normes sociales et environnementales

- lutter contre l’accaparement des terres et permettre à chaque agriculteur qui souhaite s’installer d’accéder à une exploitation pour préserver le modèle agricole familial

- obtenir la filière du bio et l’agroécologie, encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale et garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective

- rétablir le plan Ecophyto, interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes avec accompagnement financier des paysans concernés

- engager les négociations commerciales en garantissant un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs et en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution

- adopter un moratoire sur les méga-bassines

- mettre en place des règles précises de partage de l’eau sur l’ensemble des activités

- proposer une réforme de la Politique agricole commune

- sortir des fermes-usines, améliorer le bien-être animal et interdire l’élevage en cages d’ici la fin de mandature

- défendre les zones agricoles, naturelles et les zones humides, doubler et améliorer la protection des aires maritimes protégées

- protéger la forêt en garantissant la diversité des essences, avec une filière sylvicole respectueuse de la biodiversité et des sols, garantissant les qualifications et les emplois des forestiers

Rassemblement national

- renforcer les contrôles des importations pour mettre fin à la vente de produits étrangers ne respectant pas les normes françaises

- garantir des prix rémunérateurs pour les agriculteurs

- généraliser l’étiquetage sur l’origine et la qualité des produits alimentaires

- lancer un grand plan « Manger français » obligeant les cantines à utiliser 80 % de produits agricoles français à l’horizon 2027

- réduire l’empreinte carbone de la France en soutenant les relocalisations industrielles et en favorisant les acteurs locaux dans la commande publique (circuits courts, priorité nationale, préférence européenne...)